- SAINT-BARTHÉLEMY
- SAINT-BARTHÉLEMYSAINT-BARTHÉLEMY (1572)Par son retentissement européen, en particulier sur l’opinion protestante, que l’événement secoue plus encore que la nouvelle du massacre des garnisons françaises de Floride par les Espagnols (1565), par sa valeur de test sur la morale politique des siècles ultérieurs, le massacre de la Saint-Barthélemy, le 24 août 1572, constitue l’une des grandes dates de l’histoire européenne du XVIe siècle. Il concrétise, et l’on comprend dès lors la satisfaction de Philippe II, le fait que la monarchie française se démarque du protestantisme mais aussi que la France sombre irrévocablement dans une inexpiable guerre civile.On peut pourtant se demander si la partie n’était pas déjà jouée au cours de la décennie précédente. Beaucoup d’historiens tendent, en effet, à croire que l’apogée du protestantisme français se situe entre 1550 et 1570. Dès lors, les guerres de religion ne seraient, du côté protestant, que le moyen de pallier les effets d’une influence sur son déclin. Quoi qu’il en soit, la paix de Saint-Germain en 1570 a permis à l’amiral de Coligny d’entrer au Conseil royal et d’acquérir un ascendant de plus en plus marqué sur l’esprit de Charles IX, qui échappe ainsi à la double influence des Guise et de la reine mère. Or la politique de Coligny vise à la réconciliation des Français par la guerre anti-espagnole, en vue de les engager dans une lutte commune pour soutenir les Pays-Bas insurgés. Il en résulte une alliance de fait entre Catherine de Médicis et les Guise contre l’amiral. Les mobiles de la Florentine sont complexes: outre son désir de dominer son fils et son goût invétéré pour le pouvoir, il faut peut-être aussi faire entrer en ligne de compte, au-delà du jeu des combinazioni successives, la raison d’État, fondée sur le sentiment que le roi ne peut mener une politique qui ne s’appuierait pas sur les forces majoritaires du pays. Opposés à une guerre contre l’Espagne, les Guise ne cherchaient qu’une occasion d’arracher la couronne aux Valois; Catherine préfère se lier avec le parti catholique que de le voir se dresser contre la dynastie régnante. Resterait à savoir quelles ont été (ou non) les influences des milieux financiers comme celui des marchands-banquiers italiens de Lyon, par exemple. L’alliance aboutit à la tentative d’assassinat de l’amiral le 22 août 1572, montée par les Guise, sans doute avec l’assentiment de la reine mère. Indigné, Charles IX ordonne une enquête qui, en remontant aux sources, risque de lier à tout jamais le roi aux conseillers protestants. Catherine réussit à «retourner» le roi, lui avouant la préméditation mais décrivant aussi le «complot» des chefs protestants réunis à Paris pour le mariage de Marguerite de Valois (la sœur du roi) avec Henri de Navarre, le 18 août. Effrayé, le roi se laisse entraîner par le duc de Guise et par son propre frère, le futur Henri III. À l’aube du 24 août, sur le signal du tocsin de Saint-Germain-l’Auxerrois (la paroisse royale), les assassins se répandent dans la ville, aussitôt suivis par la populace des pillards. Il y a quelque trois mille morts. Le prince de Condé et le futur Henri IV n’échappent au massacre qu’au prix d’une conversion éclair, que prolonge une détention dorée à la cour, assez stricte pour qu’Henri IV ne puisse s’échapper qu’en 1576. Du 25 août au 3 octobre, les meurtres se poursuivent dans nombre de villes de province, en dépit de l’ordre royal d’arrêter l’effusion de sang.À court terme, la Saint-Barthélemy affaiblit numériquement et qualitativement le groupe protestant et le rejette dans le rôle de minorité d’opposition; il accentue son caractère «démocratique»: on songe, par exemple, aux dénonciations, dans les œuvres d’Agrippa d’Aubigné, des misères du peuple attribuées aux grands. Sur le plan extérieur, elle équivaut à une victoire du duc d’Albe et on peut penser qu’elle sauve, pour l’Espagne et le catholicisme, les provinces belges.À moyen terme, le massacre rend la guerre civile française inexpiable: or elle est, sur le plan national, sans issue, l’équilibre des forces militaires en présence ne permettant pas de victoire décisive. Il faudra de longues années de guerre pour en revenir aux idées du tiers parti, dont la paix de Beaulieu (1576) constitue la première manifestation d’importance, et l’édit de Nantes la conclusion provisoire.À long terme, la Saint-Barthélemy est l’une des pierres d’achoppement sur lesquelles bute l’entente entre l’Europe protestante et l’Europe catholique. Elle est l’une des motivations profondes de l’antipapisme et de l’antihispanisme anglais. Mais, en éloignant la France de la grande politique européenne, elle permet aussi à Philippe II, appuyé sur les trésors américains, de maintenir ce que l’on a parfois appelé, non sans quelque exagération, la «prédominance espagnole» sur l’Europe.Saint-Barthélemy(la) nom donné au massacre des protestants à Paris, dans la nuit de la Saint-Barthélemy (24 août 1572) sur l'ordre de Charles IX. Catherine de Médicis, sa mère, l'avait persuadé d'un complot huguenot. Les Guises exécutèrent la décision royale: 3 000 protestants et la quasi-totalité de leurs chefs (dont Coligny) furent tués. En province, les massacres durèrent plusieurs mois. La guerre de Religion reprit.————————Saint-Barthélemyîle française des Antilles, située au N.-O. de la Guadeloupe, dont elle dépend; 21 km²; 5 043 hab.; ch.-l. Gustavia. Zone franche. Tourisme.— En 1876, la France l'acheta à la Suède, qui la possédait depuis 1784.
Encyclopédie Universelle. 2012.